Les Pères Duschesne de l'Ain en 1794

Publié le par Société d'Emulation de l'Ain

Par Jérôme Croyet

docteur en histoire, archiviste adjoint aux AD Ain, bibliothécaire de la SEA, collaborateur du magazine Napoléon 1er et à revue Soldats Napoléoniens

Avec l'arrivée dans l'Ain du conventionnel Albitte le 28 nivôse an II arrivent aussi les citoyens Dorfeuille, Millet et Bonnerot, tous trois commissaires civils mais aussi journalistes. La mission du conventionnel Albitte dans l'Ain "entraîne derrière elle la création d'une presse politique jacobine, partisane et propagandiste " qui a pour but de soutenir la politique révolutionnaire mise en place.

Ainsi paraissent 2 numéros du Père Duchesne, le Cadet et 1 numéro du Cousin du Père Duchesne. Tous deux sont de format in°8 de 8 pages. Le Cadet est écrit par Dorfeuille et Millet, sans doute aidés par Alban (maire de Bourg en pluviôse an II) et Duclos (notable). Le Cousin quant à lui est créé par Millet et Bonnerot à Trévoux en ventôse an II et imprimé aux Halles de la Grenette à Lyon, chez Pierre Bernard. La particularité de ces journaux est leur gratuité et leur émission à profusion dans l'Ain (pour le Cadet ) et dans les Dombes (pour le Cousin). Le Cadet de Dorfeuille est envoyé à toutes les sociétés populaires du département ainsi qu'à toutes les administrations (districts, municipalités et comités de surveillance) via les paquet de correspondance officielle.

Ces deux parutions constituent des supports officiels de la politique mise en place dans l'Ain. Ils ont pour but de toucher le plus grand nombre de personnes (de par leur gratuité et leur lecture en commun), ainsi que de ventiler des messages simples par un jeu de mise en scène. Si le premier numéro du Cadet (qui parait en pluviôse an II) est une mise en scène qui tend à montrer aux gens de l'Ain (et de Bourg plus particulièrement) l'état politique dans le département, des mesures à prendre pour y remédier et les ennemis désigné du peuple; le second numéro tend (comme le Cousin de Millet et Bonnerot dans le district de Trévoux) plus à expliquer et à justifier les décisions politiques prises. L'impact de ces deux journaux sur la sans-culotterie locale est assez forte, tout comme est importante leur diffusion dans l'Ain (peut-être peut-on estimer à 2000 le nombre d'exemplaires de chaque numéro imprimé) : "Le père Duchesne le cadet et . . .le miracle de la Sainte Aumelette ne pourrait que produire un très bon effet, nous nous sommes empressés d'en faire l'envoi ".

Sans doute ont-ils été fondés dans l'espoir d'une certaine permanence du journal mais avec les tensions politiques de Paris de ventôse et germinal an II et le vent de modération qui se fait sentir dans l'Ain au même moment, la parution de ces deux feuilles est stoppée.

 

Ces deux essais de création de journaux dans l'Ain sont des échecs. Ils donnent comme particularité au département de l'Ain d'être un des rares départements de France a n'avoir pas eu de presse suivie durant la Révolution.

 

Publié dans vivre dans l'Ain

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