l'écritoire namban du Musée de Brou
Un objet inattendu au Musée de Brou : un écritoire " namban "
Par Magali Briat-Philippe
Conservateur du patrimoine au Musée de Brou
Les réserves du musée de Brou recèlent un meuble extraordinaire, en bois laqué doré et incrusté de nacre. Cet écritoire, comprenant huit tiroirs et une porte centrale découverte par un abattant (jadis reliés par des ferrures en cuivre), provient en effet du Japon. Il s’agit d’un objet de style " namban ", autrement dit fabriqué au Pays du Soleil Levant pour les Portugais (commerçants ou missionnaires) entre 1543 et 1639.
Les structures de ces objets sont de type européen (retables, lutrins, boîtes à hosties, etc. pour l’usage religieux ; coffres, secrétaires etc. pour l’usage domestique), tandis que les décors suivent des formes asiatiques. Au Japon, l’urushi, sève d’arbre, était utilisée depuis le néolithique pour revêtir les objets en bois ou en terre. On y ajouta progressivement des oxydes métalliques pour varier les couleurs. A la période Momoyama (1568-1615) vint s’ajouter l’insertion de nacre, de décors en relief, ainsi que des motifs de rinceaux et de damiers, inspirés des objets chinois auxquels les Portugais étaient habitués. On retrouve ces caractéristiques sur l’écritoire conservé à Brou.
Ces objets magnifiques, au décor très riche, sont rares en dehors du Portugal. Il en subsiste quelques exemples dans différentes collections princières européennes, le plus ancien daté provenant ainsi du château d’Ambras (Autriche). En France, il en existe quelques-uns au musée d’Ennery (actuellement fermé, géré par le musée Guimet, à Paris).
Ce secrétaire namban, donné au musée de Bourg-en-Bresse par les héritiers de la famille Bourdin en 1918, a donc sans doute été rapporté du Portugal par Emmanuel Joseph Bourdin, capitaine d’artillerie de Napoléon en Espagne et au Portugal. Il fut alors inventorié comme un banal " coffre indien "… jusqu’à sa redécouverte récente.
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