vie rurale dans l'Ain

Publié le par Yann Cruiziat

LA LESSIVE D’AUTREFOIS

Par Yann Cruiziat,

 

Professeur au Lycée de la Plaine de l’Ain à Ambérieu,

 

Professeur au Service Educatif des Archives Départementales de l’Ain

 

 

 

Au XIX° siècle, chaque quartier avait son lavoir, lieu privilégié où s’assemblaient les femmes non pour laver mais pour blanchir le linge. Le lavage appelé “ la coulée ” se déroulait à la maison, deux fois par an. Aucune lessive n’était faite lors de la semaine sainte et surtout pas le vendredi saint, la religion catholique interdisant le travail pendant ces périodes. A ce respect de la religion, s’ajoutait une superstition : si on lavait lors de la semaine sainte, la mort ferait son oeuvre dans la famille. Les linges lavés auraient été le linceul du futur mort.

Pour la coulée, la ménagère devait disposer d’un cuvier posé sur un trépied. Dans le cuvier percé en son fond, la ménagère disposait d’abord le linge le plus sale puis les chemises, les tabliers ou les torchons. Elle étalait le fleurier, drap en chanvre très épais qui devait laisser passer le lissieu. La ménagère obtenait le lissieu en chauffant une grande quantité d’eau dans une chaudière. L’eau était versée dans le cuvier, sur la cendre de bois posée préalablement sur le fleurier. Le lissieu ainsi préparé s’écoulait à travers le linge, pour atteindre le fond du cuvier percé d’un trou, trou obstrué par un bouchon de paille au travers duquel s’infiltrait le lissieu. Ce lissieu retombait dans un récipient en bois placé sous le cuvier. Ainsi récupéré, il était réchauffé dans la chaudière et reversé de plus en plus chaud sur le fleurier. Cette opération se déroulait ainsi pendant deux bonnes journées.

Une fois la coulée achevée, la ménagère se rendait au lavoir qu’elle avait préalablement nettoyé. Parfois, ce nettoyage entraînait quelques heurts si une autre ménagère profitait de la propreté du lieu avant celle qui avait tout préparé. Si personne n’avait sali le lavoir, la ménagère revenait avec sa grande corbeille, pleine de linge, transporté sur une brouette. Une fois installée, elle frottait le linge des deux côtés d’une brosse sur un plan incliné. Quant tout était frotté, elle étendait le linge sur une corde de chanvre accrochée à deux arbres ou le déposait sur des haies. Les draps étirés séchaient ainsi sans être repassés. Ce travail fini, toutes les ménagères présentes partageaient leur casse-croûte.

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