la crise de l'automne 1789 dans l'Ain

Publié le par Société d'Emulation de l'Ain

Le 28 octobre 1789, la Sentinelle du Peuple publie l'article suivant : "il parait, par une lettre écrite de Pont-de-Vaux, en Bresse, qu'il est arrivé dans cette ville une catastrophe semblable à plusieurs événements dont Paris a été le témoin. Une femme de Saint-Laurent-les-Mâcon, soupçonnée d'être salariée par les religieux, quelques chapitres nobles, avait, mande-t-on, acheté pour plus de trois millions de blé pour les couler dans la Saône, et achetait encore journellement sur pied tous les menus grains, comme blé de Turquie, sarassin et autres, qu'elle destinait au même usage. Arrêtée par la populace de Pont-de-Vaux, qui n'a pas eu même la patience de la conduire jusqu'en prison, elle a été pendue à un crochet de feer où des bouchers avaient coutume d'exposer leur viande ; ses habits ont été déchirés en lambeaux, portée à l'hôpital, elle y a expiré bientôt après". Après vérification dans les archives nationales, départementales et communales, aucun fait de ce genre n'est répertorié ni signalé à la jutice ou fait la preuve d'un procès verbal. Toutefois, à cette époque, des rapports sont conservés aux Archives Nationales concernant une forte opposition entre les bressans Saint-Laurent-Sur-Saône et les Macônnais au sujet de la libre circulation des grains par la Saône. Cette affaire et surtout les tensions entre bressans et macônnais sont à rapprocher d'un mouvement plus général dans l'Ain à la fin de 1789. Malgré les avancées de 1789 qui confirment la main mise de la bourgeoisie sur la nouvelle administration, le petit peuple de l’Ain ne semble pas pleinement satisfait de la Révolution. Les rancœurs vis-à-vis des hommes de l’Ancien Régime et de ce qu’ils représentent sont toujours vivaces , à l’image de Pierre Curé déclarant, le 22 novembre 1789 au pied de la croix face à l’église de Cornod en Bresse, être envoyé par le duc d’Orléans qui viendra avec une troupe brûler le château de Cornod et de Thoirette. Puis il s’en prend à la Reine dans des propos criminels attentatoires au respect dû à sa Majesté. De plus, les conditions atmosphériques et frumentaires sont déplorables. Claude Antoine Bellod note que “le 5 mai cette année là, il tomba quantité de neige et le 26 avril et tout le commencement de mai jusqu’au milieu fut en froid et en neige” . Les soudures sont difficiles en 1789 et 1790 surtout dans le Bugey où le prix des grains est à son niveau le plus élevé depuis 1788, le 17 mai 1790, la municipalité de Meximieux doit prendre un arrêté pour disperser des attroupements d'hommes et de femmes qui empêchent la circulation de grains à destination de Lagnieu et d'Ambérieu en Bugey. A cela, s'ajoute une situation régionale trouble. L'émigration d'une partie de la noblesse et la préparation à Paris, dans l'entourage du Roi et à Turin, de la sortie de Louis XVI pour gagner Lyon, font craindre un complot aristocratique. Cette menace entretenue par le voisinage Lyonnais est un facteur déterminant dans le reflux de la noblesse de l'Ain de la scène politique, comme elle permet au parti patriote pro-jacobin, incarné par Gauthier des Orcières, de désigner les premiers suspects à l'opinion publique (extrait de : sous le bonnet rouge, thèse d'histoire, Jérôme Croyet, Lyon II, 2003. Déposée aux A.D. Ain et à la Médiathèque Vaillant à Bourg). Merci à Christian Durupt, de Massy, pour avoir porté à notre connaissance cet article.

 

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